En retard ou en avance?





Voici déjà la période des vœux et qui chaque année fait conjecturer sur l’opportunité d’y être en avance ou pas… D’une manière générale, être en retard ou en avance, telle est la question ?

 

 

L’effet retard

A priori, il n’est pas bon d’arriver après l’heure attendue. Sauf peut-être en matière amoureuse. Se faire désirer un peu avive le plaisir lorsqu’enfin on se produit. Attention toutefois à ne pas en abuser car à force d’attendre, l’autre pourrait aussi se lasser et commencer à vous envisager de manière moins sublimée. On pourrait comme Montherlant[1],  se mettre à comptabiliser les « deux mille cent soixante dix sept minutes de retard totalisées en huit mois ».

 

 

On pourra toujours judicieusement minimiser les effets du retard par un mot d’excuse écrit même à la hâte (c’est crédible), mais témoignant du cas qu’on fait de son interlocuteur. Il aura ainsi le loisir de faire autre chose en nous espérant avec confiance. Il n’est rien de plus désagréable que d’attendre, au-delà du quart d’heure syndical, sans aucune information. Mais attention, chacun sait que les petits quarts d’heure sont plus longs que les quarts d’heure.

 

N’écrivez que si le message est bien clair pour vous-même. Dans le cas contraire, il vaudra mieux prendre le temps du recul et adresser des excuses avec retard mais avec une sincérité prégnante.

 

Boum !

En matière de style, le retard peut-être d’un bel effet s’il sait alimenter la curiosité de notre lecteur rendu captif par l’attente de connaître le mot de la fin. C’est le suspens.

A dessein plus sécuritaire, l’effet retard sera le bienvenu dans certains dispositifs d’allumage potentiellement dangereux pour l’usager. Comme en pyrotechnie ou minage. En écriture, on peut aussi s’attacher, lorsqu’on doit communiquer une mauvaise nouvelle, à la rendre assez hermétique pour que celui qui la reçoit ne la perçoive pas immédiatement. Effet malheureusement couramment employé dans le monde professionnel pour des convocations à des rendez-vous funestes.

 

Un retard comme une avance peut être salvateur. Rater un train qui va dérailler ou rentrer juste avant l’averse ! Et s’aménager quelque retard à payer son dû peut aider à éviter les trous de trésorerie. Tant que ce faire ne devient pas une réputation… Soyons malins.

 

Question de points de vue

Etre en avance est-il plus judicieux ? En homme (femme) de précaution, on peut le penser. Avoir la meilleure place. Anticiper la demande. Etre en avance sur son temps. La notion d’avance reste toutefois fort subjective car nul ne sait ce qu’il adviendra. Etre au premier rang du champ de bataille n’est guère une opportunité. Avoir la meilleure place au spectacle supposerait d’avoir déjà vu la pièce. Etre le premier à expérimenter de nouvelles voies est sans doute aussi le meilleur endroit pour essuyer les plâtres. Et comme disait quelqu’un, ne vaut-il pas mieux être en retard dans ce monde qu’en avance dans l’autre ?

On retiendra quand même qu’en terme de politesse, être au moins à l’heure dite ne prête pas le dos à la critique. Et que si par hasard on doit demander une faveur, il sera de bon ton de remercier par avance même si cela ne dispensera pas de le faire encore en retour, et ce malgré le retard.

 



[1] Dans « l’incompris », pièce en 1 acte évoquant la séparation d’un couple qui pourtant s’aime !

  

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